- AVIGNON (histoire de l’art)
- AVIGNON (histoire de l’art)AVIGNON, histoire de l’artLa ville d’Avignon n’apparaît sur la grande scène de l’histoire de l’art qu’avec la venue des papes. Jusque-là, son rôle artistique n’avait pas dépassé celui d’une localité moyenne, les meilleures manifestations datant de l’époque romane: cathédrale Notre-Dame-des-Doms, chevet de Saint-Ruf, petite chapelle Saint-Nicolas, pittoresquement installée sur une pile du pont Saint-Bénezet.Tout change lorsque, promue à la dignité de nouvelle Rome, Avignon devient un centre artistique de première importance. Pour servir de résidence au souverain pontife, on construit successivement deux palais apostoliques, fort différents l’un de l’autre. Le Palais-Vieux de Benoît XII est une sorte de monastère et une forteresse d’allure toute méridionale avec ses puissants mâchicoulis établis sur des arcs eux-mêmes bandés entre les contreforts. Son architecte, Pierre Poisson, était originaire de Mirepoix. Tout autre est le palais de Clément VI, un pape qui entendait montrer qu’il savait régner. La nouvelle résidence, élevée par le Français Jean de Louvres, se caractérise moins par sa puissance militaire, au demeurant fort réelle, que par la noble beauté de la Grande Audience et de la chapelle Clémentine. Des peintures murales, d’abord françaises de style, puis italiennes, accompagnent cette architecture. Simone Martini vient finir ses jours à Avignon (1344), qui conserve encore une partie du décor qu’il avait peint pour le portail de Notre-Dame-des-Doms, avec ses précieuses sinopie (dessins muraux préparatoires). Cependant, le principal atelier du château fut dirigé par un peintre originaire de Viterbe, Matteo Giovannetti.Toute la ville se transforme alors avec la construction de couvents pour les ordres mendiants (Dominicains, Franciscains, Carmes et Augustins), la réédification des églises paroissiales: Saint-Agricol, Saint-Didier et Saint-Pierre, et le tracé d’une nouvelle enceinte (entre 1350 et 1380). Aux clochers de Saint-Didier, de Saint-Martial et de Notre-Dame-la-Principale répondent les tours de prestige des livrées (palais) cardinalices. Il convient d’associer à ce prodigieux développement le «Frascati de la nouvelle Rome» (Fernand Benoît), c’est-à-dire Villeneuve-lès-Avignon, où, dans un lieu salubre et sous la protection du fort Saint-André appartenant au roi de France, se multipliaient aussi les livrées cardinalices (une quinzaine, contre une trentaine dans la cité). Dans l’une d’elles, le cardinal Arnaud de Via, neveu de Jean XXII, installe en 1333 la collégiale Notre-Dame. Peu après, en 1356, Innocent VI fonde dans sa propre livrée la chartreuse du Val-de-Bénédiction, dont l’importance sera doublée en 1372 par son neveu, le cardinal de Pampelune.Le retour des papes à Rome réduira cette activité sans la supprimer. On commence l’église des Célestins à la fin du XIVe siècle. L’évêché d’Avignon, le Petit-Palais, est restauré au milieu du XVe siècle par l’évêque breton Alain de Coëtivy, puis remodelé à la fin du siècle par son successeur le cardinal Giuliano della Rovere, le futur pape Jules II. L’église Saint-Pierre est dotée d’une façade flamboyante. Une brillante école de peinture se développe. Ses chefs-d’œuvre se trouvaient à la chartreuse de Villeneuve, avec la célèbre Pietà du musée du Louvre et le Couronnement de la Vierge d’Enguerrand Quarton, aujourd’hui présenté à l’hospice voisin.Devenue la ville des légats ou des vice-légats, Avignon demeure un important foyer d’art aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les influences italiennes sont d’abord très fortes. La Monnaie, construite en 1619, sous la légation du cardinal Borghèse, «oppose au palais des Papes une façade qui ne serait pas déplacée sur les bords du Tibre» (Jean Vallery-Radot). On construit un remarquable ensemble d’églises, de couvents, de chapelles, de confréries et d’hôpitaux. Une aristocratie d’officiers pontificaux et municipaux contribue avec ses hôtels à modifier à nouveau le visage urbain.Alors apparaissent de véritables dynasties d’architectes, parfois originaires de la péninsule italienne, plus souvent de souche locale. Certains artistes viennent de Paris, car, progressivement, Avignon se francise.Les Royer de La Valfenière étaient d’ascendance piémontaise. Le plus célèbre de leurs représentants, François II (1575-1667), est l’auteur de la Visitation (1631-1638) et il dirigea la construction de l’église du collège des Jésuites. Sans oublier Pierre Mignard (1640-1725) et les Péru — Jean-Baptiste II Péru (1707-1790) exécuta entre 1738 et 1747 l’église elliptique de l’Oratoire, suivant les plans fournis par Ferdinand Delamonce — nous évoquerons Thomas Lainée (1682-1739), un Parisien qui vint s’installer à Avignon. Son activité comme décorateur est signalée en 1712 dans l’hôtel Forbin-de-Sainte-Croix (préfecture) et en 1739 dans la chapelle des Pénitents noirs.Au XVIIIe siècle, la grande famille d’architectes avignonnais fut celle des Franque, issue d’un maçon de Villeneuve, François (1652-1732). Son fils, Jean-Baptiste (1683-1758), suit l’évolution de l’art parisien. D’une production considérable, on retiendra un chef-d’œuvre avignonnais, construit de 1741 à 1754, l’hôtel de Villeneuve (musée Calvet). Les deux fils de Jean-Baptiste furent architectes comme lui. L’aîné, François II (1710-1793), est le plus connu. Il alla à Paris et fut membre de l’Académie d’architecture. Il a dressé un bilan de son activité dans un placet présenté au directeur des Bâtiments en 1767 et publié par Émile Bonnel. Il n’oublia pas sa ville natale où il éleva la chapelle Saint-Charles et le cloître attenant (1749-1757).
Encyclopédie Universelle. 2012.